Participation au festival Nevers en bleu, 14 septembre-6 octobre 2024
La peinture n’est ni reproduction, ni représentation. Elle est une
manière de communiquer. C’est vrai, comme on me l’a souvent
fait remarquer, que je donne le primat à la couleur,
probablement parce qu’elle touche plus directement au cœur par
les sens qu’elle éveille. Puis, je laisse advenir les formes
et les signes par lesquels l’être tout entier s’exprime dans
la dynamique du geste ; ils viennent du plus profond de moi-même, à condition
qu’existe cette mystérieuse alchimie entre un total lâcher-prise et une nécessaire
réflexion qui permet de faire naître sur la toile un instant
de vérité dans son incroyable matérialité. Parce que la
matérialité a son importance. Paradoxalement, les excès de
matière, les empâtements, les gaufrages, tout comme les
transparences et les espaces vides, tout concourt à mettre à jour ce qui m’est
au départ caché, à révéler un instant du monde, un morceau
d’univers, à dire ce qu’il y a au-delà des apparences, comme
une évidence. Quand l’alchimie opère, l’autre, celui qui
regarde, est saisi ; Et par-delà la matérialité de l’œuvre, ou
plutôt grâce à elle, entre en communion. C’est ce but, je crois, que je poursuis avec
mon pinceau et mes pigments : par la matière désépaissir le
monde et dans le même
mouvement le donner à voir. Ou quelque chose comme çà.
Bénédicte de Dinechin